Ushahidi : Une plateforme kényane qui séduit le monde

Les champs d’application de la technologie sont sans limites. Elle  transcende la poursuite des horizons purement abstraits et  idéologiques. Lorsqu’elle est bien orientée et bien utilisée, la  technologie peut résoudre les problèmes sociétaux très concrets et  changer drastiquement le quotidien des hommes. C’est ce que nous  montre la société kényane ushahidi. L’histoire de cette organisation à  but non lucratif est des plus inspirantes de l’univers entrepreneurial africain. Pour cause, Le fond chaotique sur lequel il avait émergé  montre que les difficultés portent toujours en elles des solutions si  tant est que l’œil de l’entrepreneur s’applique. 

Ushahidi a été crée en décembre 2007 par ORY OKOLLOH sur les  ruines des violences postélectorales au KENYA. La nouvelle  plateforme avait alors pour vocation de permettre aux organismes  humanitaires de repérer avec aisance les personnes touchées par les  violences postélectorales. ORY OKOLLOH, la désormais cofondatrice  de USHAHIDI est une activiste et avocate diplômée de la prestigieuse université de Harvard. Epinglée aujourd’hui comme une des femmes  les plus influentes du continent, elle n’avait pas pour autant attendu  la naissance de Ushahidi pour se faire connaitre. EN 2005 déjà, elle  avait co-fondé le site « MZALENDO », une plateforme destinée à  surveiller les activités du parlement kényans et à garantir la  responsabilité du gouvernement. Ushahidi n’est donc en vérité que l’idée d’une avocate philanthrope attachée à une certaines idées  humanitaires et amoureuse de l’Afrique.  

Pour matérialiser ce nouveau projet, ORY OKOLLOH s’est entourée de  Juliana ROTICH et ERIK HERSMAN respectivement informaticienne et  spécialiste des nouvelles technologies.  

L’objectif fondamentale de cette initiative était simple. Il s’agissait  d’aider à bâtir une cartographie des zones dangereuses où les 

violences sont accentuées et où les besoins d’aide sont prononcés. Ainsi, cette plateforme devrait montrer les camps des organismes  humanitaires, le nombres de victimes mais aussi donner une idée sur  l’évolution de la situation sur l’ensemble du territoire. L’appel était  alors lancé à toute la population de signaler ce type d’information sur  la nouvelle plateforme.  

Aujourd’hui, Ushahidi, bâtie initialement pour résoudre un problème  temporaire, résiste au temps et fait parler de lui partout. Cette  résonance particulière est tributaires de certains piliers  fondamentaux faciles à identifier. 

Tout d’abord, la liberté d’accès à la plateforme est un élément phare  dans sa percée mondiale. Ushahidi étant avant tout une société à but  non lucratif, le logiciel développé par la société est un logiciel opensource. Les implications factuelles sont simples. Les utilisateurs  peuvent faire usage de la plateforme sans aucune demande préalable  et ce pour des raisons aussi nombreuses que diverses. Ce n’est pas  pas tout. Le code source de la plateforme étant libre d’accès, les  utilisateurs peuvent faire une adaptation selon leurs spécificités et  ce, sans autorisation. C’est ainsi que la plateforme a été utilisée  partout en Afrique pour garantir le bon déroulement des processus  électoraux en signalant des zones et des cas d’irrégularités.  

Aussi, Ushahidi a suscité un intérêt particulier auprès des organismes  internationaux comme l’ONU qui en ont fait usage pour gérer les  catastrophes humanitaires à travers le monde notamment en Haiti,  au Pakistan, en Afghanistan. 

Aujourd’hui la réputation de la plateforme frappe aussi à la porte du monde scientifique et des voies s’élèvent pour explorer l’éventualité  de son utilisation dans l’amélioration des systèmes de soins en  Afrique. 

En 2009, la startup faisait partie des dix lauréats Netexplo. 2 ans plus  tard, en 2011, c’est au tour du magazine américain MIT Technology  review de la classer dans la liste de « 50 disruptive companies ».  

15 années se sont donc écoulées depuis la mise en route de ce projet  humanitaire et le bilan offre une grande satisfaction. La société compte aujourd’hui 50 volontaires, 29 employés avec un budget de  1,8 millions de dollars et la plateforme est utilisée dans plus de 154  pays du monde. Pour autant, des efforts se font encore pour étendre davantage ce projets dans de nombreux domaines.  

En somme, Ushahidi sonne aujourd’hui comme le premier logiciel  opensource made in AFRICA.  

Certes, les applications de cette plateforme sont très nombreuses mais c’est le principe d’inclusion qui lui donne sa touche particulière. Les améliorations de la plateforme sont directement tributaires des  suggestions faites par les utilisateurs. Aujourd’hui, son apport aux  associations et organismes humanitaires est extraordinaire et  indicible. L’histoire de Ushahidi est une véritable source d’inspiration  et une force pour les « geeks » en Afrique. Celle d’une plateforme de  tous pour tous, pour un monde meilleur.