GOZEM : Le digital au service du transport urbain en Afrique
L’économie ne peut décoller qu’avec la libre circulation des personnes et des biens. Par conséquent, on ne peut pas parler de l’essor économique d’un pays sans parler de transport.
Malheureusement en Afrique, le transport urbain reste informel dans la plupart des grandes villes. Ceci étant, le secteur souffre d’une paralysie flagrante et d’un désordre notable. Au-delà du retentissement économique de ce handicap, ses métastases menacent les valeurs fondamentales et intrinsèques de l’Afrique : par exemple, pouvoir facilement rendre visite à la famille de l’autre côté de la ville et passer du temps ensemble. N’est-ce pas cela l’Afrique ?
Eh bien, ces habitudes disparaissent de jour en jour parce le transport public, c’est tout un problème, et la plupart des gens ne disposent pas de moyens personnels de déplacement.
C’est pour pallier cela que M. ADJENE EMEKA a eu l’idée de créer la société de transport GOZEM pour « faire bouger » les choses.
Mais c’est sans doute son parcours riche en apprentissages et en expériences, qui lui a donné le courage de poursuivre cette mission. EMEKA ADJENE âgée de 39 ans, est économiste et mathématicien de formation. L’homme d’origine nigériane a fait ses études aux Etats-Unis où il s’est rendu à l’âge de 6 ans. Après sa formation aux USA, il passe quelques années en Chine en tant que professeur de mathématiques et d’économie. C’est en ce moment qu’il s’est lancé dans l’entreprenariat et dans le digital.
De retour au bercail, il est employé comme directeur commercial chez UBER, le géant mondial du VTC. C’est ainsi qu’il réussit à y introduire le système de paiement en espèce dans le but de mieux l’adapter aux populations.
En 2016, dans la dynamique de sa fonction, il fait le constat qu’en Afrique de l'Ouest et centrale, les services de transports et livraisons sont quasi-inexistants. En bon entrepreneur, il venait ainsi de voir une opportunité de changer les choses.
C’est ainsi qu’est née l’idée de ce que certains appellent aujourd’hui le « UBER AFRICAIN ». Pour donner corps à cette idée, il s’est allié à Gregory COSTAMAGNA et Raphael DANA, tous deux investis dans le digital.
En Novembre 2018, Après 2 ans de travail acharné, les désormais co-fondateurs ont officiellement lancé la startup à Lomé. Aujourd’hui la startup fait parler d’elle au-delà des limites de la capitale togolaise et suscite un intérêt particulier des populations.
Pourtant, tout est bâti sur quelques petites innovations que les fondateurs ont su apporter.
Tout d’abord, un service de « transport et livraison » doit être sûr, simple et fiable parce qu’il touche le quotidien des populations. C’est cela qu'ils ont bien compris. En misant la plus grande partie du service sur un moyen de déplacement déjà répandu qu’est le taxi-moto (zémidjans), les cadres de GOZEM se sont facilement adaptés aux populations. De fait, ils se sont tout simplement contentés de digitaliser le secteur, d’apporter une touche nouvelle et donc d’assurer plus de confort aux clients.
Ainsi, avec l’application GOZEM, le client peut désormais demander un service de transport depuis sa maison. En quelques minutes, voici le conducteur à sa porte et ceci sans frais supplémentaire. En fait, le client devient un véritable roi.
En outre, GOZEM a pris en compte la notion du temps. C’est sans doute un élément phare de son succès auprès des populations. Grâce au système de compteur automatique intégré, le client peut connaître le prix de sa course en avance. C’est ainsi que la startup a mis fin aux négociations qui s’éternisent souvent autour du prix. Pas de marchandage et on gagne du temps.
Aussi, rappelons que le client peut suivre chaque course demandée chez GOZEM en temps réel et en toute sérénité depuis son téléphone. Enfin, et pas des moindres, les pouvoirs publics ont réussi à imposer le port de casque aux conducteurs dans les grandes villes africaines.
GOZEM est allé plus loin sur cette voie, en mettant à la disposition de ses clients, des casques de protection. Pour M. ADJENE, le client doit être autant protégé que le conducteur.
Parlant du conducteur, la startup lui accorde une attention particulière.
D’entrée de jeu, une formation et une certification sont garanties à tous les conducteurs. GOZEM s’impose ainsi comme un véritable cadre professionnel, qui reconnaît ses conducteurs à leur juste valeur. Il assure donc la dignité et le respect à ces derniers, qui sont désormais reconnus par les clients, comme de véritables professionnels. C’est un grand soulagement pour les conducteurs de taxi motos qui sont souvent méprisés.
Ensuite, la société prend en compte les imprévus de la vie. Grâce à sa collaboration avec différentes structures d’assurance, GOZEM garantit une assurance à tous ses conducteurs. Chaque course chez GOZEM est couverte par une assurance. Il met de ce fait toutes les chances de son côté, pour vaincre la concurrence. Rappelons que cette concurrence est tenue en grande partie par les conducteurs informels de taxi motos, qui sont majoritaires sur le terrain.
Consciente de cette réalité, la startup ne cesse de multiplier les initiatives pour rallier ses concurrents par un partenariat gagnant-gagnant.
Toutefois, elle assure ses arrières et introduit progressivement les autres moyens de transport. En plus des taxis motos, la société dispose ainsi des tricycles et des
taxis au service de ses utilisateurs. Elle a aussi pensé aux visiteurs étrangers et aux résidents locaux, qui voudraient sortir les grands moyens. Dans cette perspective, elle met à leur disposition un nombre suffisant de voitures climatisées VIP pour leur confort.
Il faut innover mais aussi s’adapter.
Alors, les courses GOZEM peuvent être payées par carte bancaire ou mobile money mais aussi de façon classique c’est-à-dire en espèces. A chacun de faire son choix.
Présente au Togo, au Bénin, au Gabon et au Cameroun la startup opère dans 14 villes du continent. GOZEM enregistre déjà plus de 800.000 utilisateurs, plus de 10 millions de courses effectuées, 200 000 commandes livrées avec plus de 500 employés et plus de 12 millions de dollars de fonds levés au total. A l’avenir, elle compte devenir une référence de transport en Afrique en s’implantant notamment au Mali, au Burkina-Faso, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Nigéria et en République Démocratique du Congo.
Et parce qu’elle voit grand, la startup se sait concernée par les défis planétaires de réchauffement et de pollution de l’environnement. C’est justement dans cette perspective, qu’une collaboration récente avec la société financière internationale(SFI) leur a permis un déploiement de 6000 motos électriques sur le terrain.
Par ailleurs, s’il est vrai que les difficultés liées à la connexion internet sont récurrentes dans certaines villes, les promoteurs ne comptent pas baisser les bras. Aussi, des campagnes de sensibilisation sont faites sur le terrain pour pallier la principale difficulté qui est liée à la réticence de certaines personnes face à cette nouvelle façon de faire. Les conducteurs eux, ont constamment des équipes spécialisées à leur portée pour les aider à mieux se familiariser avec ce nouvel outil.